Dire adieu à son animal de compagnie

23 octobre 2023 - Alex Beausoleil

C’est juste un chat, un chien ou un lapin, diront plusieurs. Totalement faux, répondent ceux et celles qui vivent avec un animal de compagnie. Les études leur donnent raison : le deuil animalier EST UNE ÉPREUVE BIEN RÉELLE.

Sherlock est entré dans la vie de Vicky il y a deux ans. En peu de temps, un attachement profond lie l’étudiante de 21 ans et ce chat : «Il était tellement colleux! Il me suivait partout. On dormait toujours ensemble.»

Un dernier soir avec son chat

Tout bascule en un mois. Sherlock perd l’appétit, il n’a plus envie de jouer. Le vétérinaire diagnostique un cancer dégénératif.

Comme Sherlock souffre, l’euthanasie s’impose. «C’était durant la pandémie, raconte Vicky. La clinique autorisait une seule personne à la fois. Ma mère a négocié une dernière soirée à la maison avec Sherlock, en promettant de le ramener le lendemain.»

Sous le choc, Vicky n’est pas prête à dire au revoir à son minou, son bébé. «Mais je ne pouvais pas nier qu’il était malade et qu’il souffrait.» Elle se rend finalement à l’évidence : l’euthanasie est la bonne décision.

Lors de cette dernière nuit, Vicky n’ose pas fermer les yeux : «Je voulais profiter de chaque minute avec Sherlock.» Les heures s’écoulent, puis le temps des adieux arrive trop vite. «Je lui ai dit et redit combien je l’aimais.»

Le chat parti, les souris pleurent

La perte d’un animal de compagnie est une épreuve bien réelle, comme le décès d’un proche. «Dans tous les cas, on perd un être auquel on était attaché», souligne la Dre Annique Lavergne, psychologue spécialisée dans le deuil animalier. Les étapes sont les mêmes : le choc, la tristesse, la colère, l’acceptation et la reconstruction.

À l’adolescence, la perte d’un animal constitue souvent le premier deuil qu’on vit. «Il est parfois plus difficile de comprendre et d’exprimer ses émotions», dit la psychologue.

Un douloureux dilemme

La vie de notre petit compagnon est généralement plus courte que la nôtre. Dès le premier jour, on sait qu’on devra éventuellement lui dire au revoir. Ça ne rend pas l’expérience plus facile pour autant!

Lorsque l’animal tombe très malade, c’est souvent au maître de déterminer la suite des choses, un moment redouté. «L’euthanasie est probablement une des pires décisions d’une vie, admet la psychologue. Elle amène une grande culpabilité.»

Contrairement au deuil humain, ponctué de rituels d’adieu, le départ d’un animal est rarement souligné. Pourtant, il existe plusieurs moyens de rendre hommage à notre compagnon. Ce peut être aussi simple que d’allumer une chandelle, dire ce qu’il représentait pour nous, regarder des photos en famille. Ces petits gestes aident à accepter la situation avec plus de sérénité.

Irremplaçable

La psychologue Annique Lavergne ne recommande pas d’adopter rapidement un autre animal : «Même si ça fait mal, il est important de vivre le deuil, de verser toutes nos larmes et de se réapproprier notre vie sans notre petit compagnon.»

Un amour sans compromis

«Certaines personnes, surtout celles qui n’ont jamais eu d’animaux, s’étonnent de la grande tristesse provoquée par la perte d’un animal», dit Annique Lavergne. Que l’on comprenne cette peine ou non, elle est bien réelle.

Près de 60 % des foyers nordaméricains partagent leur quotidien avec un animal. La grande majorité le considère comme un membre de la famille.

«On s’attache beaucoup aux animaux, car ils jouent plusieurs rôles dans nos vies. Ils sont nos compagnons, nos protecteurs… Ils nous aiment de façon inconditionnelle. On ne peut pas en dire autant de toutes les relations humaines!», ajoute la psychologue.

C’est une relation pure et simple, tout aussi puissante. «De l’amour, c’est de l’amour», résume Vicky.

Les derniers moments de votre animal

• Prenez des photos, mais aussi des vidéos pour garder des souvenirs sonores et en mouvement.
• Passez le plus de temps possible avec lui.
• Gâtez-le, faites ses activités préférées s’il en est capable.
• Dites-lui ce que vous ressentez. Remerciez-le pour sa compagnie.
• Renseignez-vous auprès de votre vétérinaire sur la manière dont se déroulera l’euthanasie.